Cet article aborde les conflits récurrents dans l’est de la République Démocratique du Congo en vue de tenter d’établir un lien éventuel de causalité entre d’une part les transformations de l’environnement politico-économique international, et d’autre part, les multiples enjeux régionaux et les déficiences de la gouvernance interne. Ce qui permet de mieux comprendre les mécanismes, la durée et l’intensité de cette crise, dans le but d’en identifier quelques pistes vers une solution durable.
scence des infrastructures, le vieillissement et le manque d’équipement approprié. Cette situation a poussé les malades congolais, surtout les mieux nantis, à prendre le chemin de l’Afrique du Sud ou des pays européens pour se faire soigner, tandis que les pauvres sont abandonnés ne sachant à quel saint se vouer. Il faudrait donc réhabiliter et doter les infrastructures existantes d’équipements modernes pour permettre à tout citoyen congolais d’accéder aux soins médicaux de qualité.
69La nourriture, l’eau, l’électricité, l’éducation, les soins de santé et le logement constituent des besoins fondamentaux de base que l’État doit assurer pour la réalisation de la justice sociale et distributive permettant au peuple congolais de vivre dans une société équilibrée.
70L’une des conditions essentielles est d’assurer économiquement la population en la mettant à l’abri des besoins élémentaires pour sa survie : nourriture, santé, logement, institutions scolaires, etc. La RDC est virtuellement riche au regard de ses potentialités. Il suffit de les évaluer correctement et définir les mécanismes d’exploitation. Mais comme la guerre en cours a pour effet de polariser sur elle les énergies disponibles et l’attention de l’État, les conditions minimales pour réaliser cet objectif ne sont envisageables qu’à moyen terme, à la fin des hostilités.
71Pour contribuer sérieusement au rétablissement de la paix au Congo-Kinshasa, la communauté internationale ne devra pas lésiner sur les moyens. Bien au contraire, elle devra adopter envers la RDC la même attitude de compréhension dont elle a fait preuve à l’endroit de la Russie, après la dislocation de l’empire soviétique à laquelle elle a accordé une assistance de plusieurs milliards de dollars ou à l’égard d’Afghanistan qui a reçu 4 milliards de dollars. Ce sont là des montants substantiels qui peuvent aider un pays sinistré, comme le Congo-Kinshasa, pour lui permettre de démarrer un programme de développement intégral.
72À l’état actuel où se trouve le Congo-Kinshasa, avec une économie sinistrée, des infrastructures sociales délabrées, etc., il ne peut se passer du concours des institutions de Breton Wood, non uniquement pour le remboursement de la dette, mais surtout pour faire face aux défis de la reconstruction et aux attentes de la population.
3.4. L’intégration des économies dans la région des Grands Lacs
28 Grégoire Bakandeja, « La libre circulation comme facteur de paix dans la Région des Grands Lacs », (...)
73La libre circulation dans les pays des Grands Lacs semble une voie favorable pour la recherche de la paix. L’une des solutions primordiales pour restaurer la paix est l’intégration des économies des États conformément au Plan d’Action de Lagos (PAL)28. En fait, c’est ce plan qui institutionnalise le sous-régionalisme comme instrument du développement économique. Il s’agit bien évidemment de la liberté de circulation ou l’ouverture des frontières en vue de la facilitation des échanges économiques entre États.
74Au sens économique, il est à souligner que la mutualisation des intérêts économiques des États par la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes favoriserait sans doute une allocation optimale des ressources. Autrement dit, le consommateur congolais ou rwandais, ougandais ou burundais bénéficierait des biens et services produits dans la communauté de ces États au prix abordable. Ce qui favoriserait la concurrence entre différents producteurs qui produiraient à meilleurs prix et meilleure qualité. Cette politique d’intégration des économies des États de la sous-région permettrait de réduire les appétits et la convoitise des pays voisins qui chercheraient à renflouer leurs économies par des moyens conflictuels en envahissant la RDC. La mutualisation des intérêts économiques entre les États de la sous-région aboutirait à coup sûr à une paix durable dans la sous-région et en particulier en République Démocratique du Congo. Elle mettra fin aux conflits à répétitions que subit la RDC depuis presque trois décennies.
Conclusion
75En définitive, nous pourrions dire que pour avoir une paix durable en RDC, il est donc impératif d’approcher à la fois l’État congolais et la communauté internationale. Dans cette approche, on a intérêt à réconcilier les belligérants sans dire ni aux uns ni aux autres qui a raison et qui a tort, mais à leur montrer le bien-fondé d’une coexistence pacifique. Personne au monde ne veut jamais s’entendre dire qu’il a tort. La RDC vit dans la subversion parce que les conditions le permettent. S’il n’y avait pas eu de Congolais complices des envahisseurs, ceux-ci ne se seraient pas hasardés à attaquer la RDC ; en tout cas ils ne s’y seraient pas installés à demeure. Tout au plus, ils se seraient peut-être aventurés en s’appuyant sur les Tutsis immigrés, dits Banyamulenge, mais ils seraient déjà retirés devant la détermination générale de la population congolaise. De ce point de vue, les rebelles congolais portent une grave responsabilité devant l’histoire. Afin de bénéficier d’une paix interne durable et d'éviter qu’il y ait parmi les Congolais, des collaborateurs avec l’ennemi, il faut diagnostiquer les causes qui sont susceptibles de produire de tels collaborateurs. Il est vrai qu’il y aura toujours des insatisfaits, comme il y en a partout dans le monde, mais il existe des mécanismes pour barrer la route à ces genres d’individus.